Un petit livre qui en recouvre en réalité deux, parus initialement au Seuil en 2000 et 2002, mais lus beaucoup plus tard, après qu'ils aient été regroupés en 2007 en un seul volume de la collection point: "Chaque jour est un adieu" et "Un jeune homme est passé"
267 pages remplies de bonheurs, de tristesses... la vie quoi, celle d'Alain Rémond dont j'aimais tant retrouver la plume pleine d'humour, de cet humour si plaisant, acide avec une pointe de tendresse et parfois même d'auto-dérision, dans la rubrique "Mon oeil" du temps où il officiait à Télérama.
A l'origine c'était un passage consacré au jeu qui était resté en mémoire. Mais en le recherchant, en feuilletant l'ouvrage, plein d'autres passages reviennent en mémoire et incitent à penser que ce livre-là va revenir sur ce qui sert de table de chevet. Parce que ce livre là, tout comme le livre dont il sera probablement question demain, est un de ceux dont chaque relecture parle, à la fois pareil et différent, autrement.
"(...) Quand on est grand on ne joue pas (...) Un jour on ne sait plus jouer. On oublie le secret. On ne comprend plus ce que ça veut dire, en quoi ça consiste. S'inventer des vies, y croire dur comme fer, un jour, c'est fini, ça s'arrête d'un seul coup, comme ça, du jour au lendemain. Je me demande si ce n'est pas le pire jour de la vie: la perte du jeu, l'oubli du jeu. On y passe tous. Un jour ça a été mon tour. Mais j'en ai profité jusqu'au bout, jusqu'à la dernière minute, à la dernière seconde. (...) Un cadeau du ciel. (...) Après quand on a passé la barrière, franchi la frontière, c'est fini, on ne peut plus revenir en arrière. Jamais.(...)"
9 commentaires:
À propos de Jeu et d'une photographie de Marelle ... (sourire)
Tracé déjà fixé dans des « règles » . Je lui préfère celui incertain et malhabile qui trace un détour auprès des aspérités, souvent rageuses, du sol où s’usent nos espérances du jour.
Elle était si jolie dans ses envolées et ses retournements … Poussières sur les vernies et socquettes qui plissent sur les chevilles … La jupe volette au-dessus du genou où nos baisers furtifs soignaient magiquement les écorchures … Je ne sais si un paradis se fera assez accueillant pour les mécréants. Je l’espère n’ayant jamais cessé de chanter l’espace du jardin où se meurt encore d’attente des parfums ce que trop souvent le cœur dit des fleurs.
J'aurais aussi préféré Michel une marelle dessinée un peu maladroitement par les enfants et non celle-ci, rigide comme le sol de la cour d'école où elle a été peinte.
Mais je voulais aussi une marelle qui aille de la terre au ciel...
Pas de chance je n'en ai trouvé aucune qui réponde aux deux conditions! Alors j'ai choisi celle-ci afin de répondre par la même occasion à une autre exigence de ma part: que ces jeux ne soient pas trop sexuées, même si je sais qu'ils le sont beaucoup avec les garçons bien souvent associés aux billes et les filles à la marelle.
Pour les filles, il ne faut pas non plus oublier les cordes à sauter !
En fait, on se rend compte que les jeux de cour se retrouvent d'année en année. Même s'il y a aussi des modes comme les Pokémons, les bons vieux basiques ne disparaissent jamais. (même si les façons de jouer changent un peu: tu les verrais jouer aux billes, ce n'est plus du tout comme de mon temps!) mais arrêtons de faire la scrogneugneu, c'est bien ausi que les règles d'un jeu soient vivantes et qu'elles évoluent avec les époques.
Encore moi. Cette réflexion sur le jeu d'Alain Rémond me rappelle une réflexion que je me fais souvent quand je vois certains hommes (des hommes politiques, des hommes d'affaires ou des banquiers) tous guindés dans leurs costumes sévères. A chaque fois, je ne peux m'empêcher de penser: "et dire que cet homme là a été un enfant! Qu'il a joué, rigolé..." Parfois, j'ai du mal à y croire...
Je n'ai toujours pas fini de jouer...
Manquerait-il à ce point d'imagination pour ne plus savoir "s'identifier" à des personnages fictifs ou imaginaires?
Ne saurait-il plus vivre des aventures par procuration?
C'est bien triste si jusqu'au bout il n'arrive plus à s'échapper de la réalité...
Ou est-ce moi qui aie encore la chance de savoir le faire et qu'un jour je serai comme lui... :-/
Verveinecitron, ta réflexion sur certains adultes devenus sinistres me rappellent ces pages de la dessinatrice Florence Cestac qui dans "le démon de midi" raconte comment une femme divorcée retrouve ses anciens prétendants dont un joyeux drille devenu très triste sire ne pensant plus qu'au travail et auquel elle se garde bien d'offrir le cadeau qu'elle a amené avec elle : un coussin péteur
* Pour être franche Myosotis j'ai pendant un certain nombre d'années cessé petit à petit de "jouer"... avant de recommencer. Au point que les enfants sont parfois assez effarés des crises de fous-rires que l'on a ensemble.
Idem ceux que je commence à connaître un peu plus au point d'oser leur réserver quelques surprises auxquelles ils ne s'attendaient initialement pas de la part de quelqu'un à 1ère vue assez BCBG.
* "chaque jour est un adieu" est un livre de souvenirs Marwan (en fait une sorte de thérapie par l'écriture) et le passage fait référence aux jeux d'enfants.
Vu l'humour dont faisait preuve l'auteur notamment dans ses commentaires de "mon oeil" et la manière dont il s'est investi dans l'oeuvre de Bob Dylan -dont il dit désormais qu'il a du en saouler plus d'un au moment de la rédaction de l'ouvrage qu'il lui a consacré- je ne me fais aucun souci, cet homme là sait encore jouer, rêver. Sauf que ce ne sont plus des rêves d'enfant.
Je reviens sur ce billet pour ajouter que le texte de l'auteur m'a rappelé, d'une certaine manière, l'échange entre le Petit Prince et St Ex à propos du sérieux des adultes.
Je ne l'ai pas sous la main, mais je pense que c'est un trop grand classique pour qu'il ne soit pas connu d'une majorité.
Après avoir songé au passage sur le business man compteur d'étoiles, j'ai ressorti le livre et pense qu'il s'agit en réalité du tout début du livre avec le dessin soit du boa qui digère un éléphant (version enfant) soit du chapeau (version adulte).
Alors?
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